Les corticoïdes augmentent la mortalité à la phase aigue d¹un traumatisme crânien !
Il était jusqu'alors admis de prescrire des glucocorticoïdes à la phase aigüe d¹un traumatisme crânien afin de limiter l'hypertension intracrânienne résultat de troubles inflammatoires, d'altérations de la coagulation et de la perte de l'autorégulation du débit sanguin cérébral.
En 1997, confortant cette idée, une méta analyse révélait que le risque de mortalité après un traumatisme crânien était abaissé de 1 à 2% dans le groupe traité par corticoïdes (avec toutefois un intervalle de confiance allant de -6 à +2%) (BMJ, 1997, 314,1855).
Récemment l'essai CRASH, multicentrique, avec tirage au sort, en double insu, comparatif versus placebo, a infirmé ces données : 10008 traumatisés crâniens datant de moins de 8 heures (avec un score de Glasgow<14) ont été inclus (Lancet, 2004, 364, 1321).
5007 patients ont reçu la methylprednisolone IV (2 g en 1 h puis 0.4g/h pendant 48 h). Le critère principal d¹évaluation était le décès dans les 15 premiers jours et le décès et/ou des séquelles dans les six premiers mois.
L'essai a été prématurément stoppé au vu des résultats de l'analyse intermédiaire : la methylprednisolone entraîne une surmortalité significative 15 jours après le traumatisme crânien (26% versus 21%, risque relatif : 1.18, IC95 : 1.09-1.27 ; p = 0.0001).
Cette surmortalité est présente quelle que soit la sévérité du traumatisme, le délai de traitement et le type de lésions visibles au scanner. Les données à 6 mois sont en cours d'analyse. Les causes de cette surmortalité restent difficiles à établir.
Il est donc recommandé de ne plus prescrire des corticoïdes à la phase aigue d¹un traumatisme crânien. On ne peut que regretter d'avoir attendu prés de 30 ans un essai de ce type [qui devrait éviter 2500 décès/an calcul à partir de l'estimation du taux de décès attribuable aux corticoïdes)] (Lancet, 2004, 364, 1291).
(C. Brefel-Courbon)