La toxine botulique, commercialisée en France sous le nom de BOTOX° (Allergan), et de DYSPORT° (Beaufour-Ibsen), est utilisée depuis 1994 dans le traitement des troubles de l'oculomotricité (strabisme, paralysie oculo-motrice), dans le blépharospasme, l'hémispasme facial, le torticolis spasmodique, la myopathie thyroïdienne, la spasticité, pour lesquelles elle possède l'A.M.M.
Ce produit est réservé à certains spécialistes des Hôpitaux (ophtalmologistes, neurologues, dermatologues), parfois utilisé hors A.M.M. (infirmes moteurs cérébraux, hyperhydrose des aisselles et des mains).
On l'utilise maintenant dans le traitement des rides, notamment aux U.S.A. En effet ce produit s'est révélé efficace en injection locale pour corriger les plis frontaux, les rides inter-sourcillières, dites "du lion", et la "patte d'oie", mais peu efficace pour le sillon naso-génien et les rides de la commisure labiale. La toxine agit en paralysant les muscles peauciers à l'origine de ces plis cutanés.
Cet usage est devenu aux Etats- Unis un phénomène de société: les "Botox-Parties". Il s'agit de réunions organisées chez des particuliers, où entre champagne et petits fours, des médecins injectent la toxine dans les rides. Le phénomène a pris une telle ampleur qu'il inquiète le corps médical.
En France, les interventions se font discrètement. Le médecin qui utilise ce produit le fait sous sa responsabilité. Les injections doivent se faire en milieu hospitalier. On peut trouver sur Internet des publicités pour certaines cliniques parisiennes spécialisées en chirurgie esthétique faisant mention du traitement des rides par le BOTOX°. Et il se pourrait que la mode des "Botox- Parties "traverse bientôt l'Atlantique, étant donné les articles qui paraissent dans la presse féminine et les émissions de télévision. Et dans certains pays on peut le trouver en pharmacie.
Les risques:
Il s'agit d'une toxine à utiliser avec précautions. Ceux qui prônent son utilisation contre les rides font remarquer que les doses utilisées dans ce cas sont le dixième de celles utilisées dans le blépharospasme par exemple. Mais il y aurait 25 % d'effets indésirables : Céphalées, ecchymoses, oedèmes, douleurs de courte durée, mais aussi des paralysies des muscles releveurs de la paupière, des strabismes, nécessitant plusieurs semaines ou mois pour disparaitre. Le traitement du bas du visage, déconseillé, peut provoquer une paralysie faciale. Quant aux effets à long terme, ils restent inconnus. Les injections ne sont efficaces sur les rides que pendant quelques mois et doivent donc être renouvelées deux à trois fois par an. Certains patients ne peuvent plus s'en passer. Il faut remarquer aussi que, d'après une étude récente, citée par Peter MISRA, 23 % des patients qui traitent ainsi leurs rides souffrent en réalité de dysmorphophobie, et relèvent plutôt de la psychothérapie, comme c'est souvent le cas en chirurgie esthétique ou en cosmétologie.
Dans un récent numéro du "LANCET", le Docteur Nicolas ABRISHAMIAN rapporte qu' environ 5 % de ses patients atteints d'une sclérose en plaques ou de sclérose latérale amyotrophique avaient reçu de la toxine botulique dans un but cosmétique.
G.Lafue