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Les indues stries du médicament

Semaine après semaine, nous déversons tout notre légitime fiel, sur les méthodes indigentes que l'industrie du médicament s'applique à nous "réserver" tout spécifiquement.
Nous sommes gens de bon goût, au sens critique acéré, et nous convenons mal du fait que, des gens bien élevés comme nous, soient confrontés aux méthodes du marketing telles que l'industrie se plait à les répeter à l'infini. Et pourtant.....

Nous, généralistes, vivons une époque bien surréaliste, qui est celle de notre "raréfaction" ( toute relative ), accompagnée d'une perspective éventuelle de ne pas manquer de "gros oeuvre". Cette levée de la peur de la concurrence nous donne toute aisance pour ne rêver que lendemains meilleurs. Ce n'est pourtant pas dit, que nous ne soyons pas les derniers de notre race.

Les laboratoires eux, vivent une heure de concentration maximale, il existe cinq ou six mammouths mondiaux, les trois quart étatsuniens, qui, avant de s'avaler mutuellement, ont à se livrer une guerre impitoyable pour rester au sommet. Ils disparaissent, comme nous disparaitrons aussi bietôt, mais eux renaissent ailleurs.

Notre nombre diminue, le leur aussi. Notre pouvoir de dire non augmente ( un peu, et probablement moins que nous ne le supposons ) , leur pouvoir de faire dire oui aux gens augmente ( énormément ). Et la résultante de ce petit plus contre ce gros moins n'est probablement pas en notre faveur....

Le discours grand public, accrocheur et démagogique qu'ils nous délivrent, à nous professionnels, confirme bien le peu de respect qu'ils ont pour notre fonction.

Le discours "médicalisant", qui est désormais à l'accès des journeaux grand public, complexifie encore la manipulation des esprits . La "terrorisation" des clients se fait désormais en termes scientifiques. Les patients se voient adulés, respectés, " enjeu - isés" de façon à ce que, tant les pouvoirs publics, que les médecins délivreurs, se trouvent condamnés à tout accepter sans possibilité de contestation.

Ce n'est donc pas la lutte du bien contre le mal, c'est la lutte pour la survie d'une pensée autonome des généralistes vis à vis de l'industrie du médicament. Cette lutte n'est pas perdue du fait de la perfidie de nos protagonistes. Cette lutte est perdue du fait de la perméabilité des esprits , tant parmi les médecins, que parmi "nos chers usagers"........

Si l'année dernière a vu battre les records de recrutement de visiteurs médicaux, alors que le nombre de médecins diminuait pour la première fois, ce n'est pas tant le signe de la malignité des entreprises ( qui n'ont , après tout que l'éthique de leur panier boursier ) mais plutôt celui de la fragilité des capacités de jugement de beaucoup de confrères, ou, et ce serait pire, de la fragilité de leur morale professionnelle, mais qui le leur reprocherait dans l'air actuel du temps.....



Les laboratoires ne sont pas malveillants, les industriels ne sont pas malveillants, et les médecins ne sont pas des dupes.



Dr Bruno Lopez - Fonsorbes


Derniére mise à jour : 19/04/03

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