Il a fait partie des casques bleus à Sarajevo . Il a résisté vaillamment à l'appel des bordels où travaillaient , à la reconstruction de leur pays, les jeunes slaves. Il est rentré au bout de sept mois. A lui les primes.
Sa femme, coincée entre les tickets de supermarché et l'ineptie de la métropole, a trouvé ici -même une troupe d'interposition. Un casque d'or qui l'a sortie des attentes patriotiques et de la déprime des femmes de soldat.
Il est venu me parler de ses torts à être soldat, de la déroute de son camp, et de sa fille qu'il ne voit plus.
Une autre guerre est commencée pour lui, sans médiateur autre qu'un généraliste interpelé dans sa neutralité. Il fait partie de ces troupes que l'on voit, aux actualités, descendre des gros porteurs, pour modifier les cartes géostratégiques.
L'après-conflit est le début de leurs propres exodes. Sa rage vaut ce qu'elle vaut. La "une" d'une consultation qui a, ce matin, un peu débordé, et qui , peut-être, corrigera certaines frontières trop vite tracées, et quelques territoires que l'épouse, l'ennemie, a trop rapidement conquis. Des "bleus au casque" en quelque sorte.
Dr Bruno Lopez - Fonsorbes