Mon premier appel de lundi matin. Une femme, secrétaire d'entreprise, dont le mari tient un petit commerce.
"Il a été malade depuis quatre jours, il s'est soigné tout seul, et samedi après-midi, COMME IL N'Y AVAIT PERSONNE DE GARDE ICI, nous avons dû aller au village voisin...."
Le médecin du village voisin, "de garde", a donné en son âme et conscience le "traditionnel" antibiotique du J3 de la grippe....
"Ce matin , mon mari a toujours de la fièvre, et je tiens sa boutique (...). Pouvez-vous me marquer trois jours de maladie" ...
Refus poli de ma part. Je lui indique que depuis 1985, je n'ai jamais marqué un arrêt de complaisance.
Elle me rétorque, comme les autres, "que c'est la première fois qu'elle me le demande". Je lui réplique que le premier oeuf volé devient un jour le premier boeuf.
Alors, elle conclue : "Je vais le demander à mon ancien docteur"....
Dix minutes après, c'est LE MARI. "Vous pouvez vous déplacer à domicile, parce que comme ici il n'y a pas de docteur le dimanche, j'ai dû aller à P......, et ce matin j'ai toujours de la fièvre"... Et de m'engueuler, et de râler sur le corps médical. J'en termine, je lui dis que si quelqu'un devrait être énervé, c'est moi, que sa femme a essayé de soudoyer pour un certif de complaisance. Il raccroche sans dire au revoir.
Ce type a une grippe de merde sous antibiotique marqué sur un tarif de week-end. Sa femme et lui vont m'écrire demain "pour que je leur fasse parvenir leur dossier médical etc..."
Oui je sais, j'aime mon métier. Ma femme et moi divorçons, parce qu'entre autres raisons, je rentrai le soir déçu et énervé. Et puis je devais souvent me relever la nuit.
Tous ces gens qui trouvent, "qu'avec leur ancien docteur", il y avait moins de difficultés, m'amènent à penser que ce sont les "anciens docteurs" qui ont tué la médecine générale moderne, celle qui n'en peut plus....
Dr Bruno Lopez - Fonsorbes