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Evidence-blues médecine



la médecine générale n'existe pas

Beaucoup ici ont ironisé sur le vocable de "médecin de famille", en n'y voyant qu'un aveu de faillite envers quelque recherche de définition nous renvoyant à un minimum d'honorabilité.

Les britanniques utilisent aussi le terme de "family doctors", et curieusement, dans un pays où la densité en "general practicians" est la moitié de celle des MG français, et où les spécialistes sont tous à l'hopital, ce terme est un terme "honorifique" employé dans les congrès. En France, rien n'est comme ailleurs. En étant gentil, on peut dire que les 50% de spécialistes qu'y s'y trouvent passent beaucoup de leur temps à être pour eux -mêmes de bien médiocres généralistes s' autant prescrivant des fibroscopies des EFR ou des frottis inutiles.

Et que les 35% de supposés "vrais généralistes" ( il y a aussi 15% de Mep) passent beaucoup trop de temps à ne faire que le travail de para médics. Prescrire ( trop ) d'antibiotiques pour garder ses clients ( et leur éviter de se plaindre en reconsultant deux fois pour une pathologie virale surinfectée ), compter un C à chaque vaccin ( en racontant qu'à chaque fois nous faisons un examen complet, et que c'est l'occasion de faire de la prévention ) est aussi hypocrite que de laisser faire autant de scopies pour des indications bien discutables. Quitte à ouvrir une reflexion sur ce que nous devrions faire la nuit, et par qui le faire faire , autant "ouvrir la fenêtre" et réflechir sur quoi nous occupons nos journées....

L'UNOF est le syndicat des médecins de famille, et prouve au moins ainsi , en indiquant à qui elle se destine, qu' elle se "cherche" un cadre d' appartenance. Qu'elle le réitère, à un moment où la société basée sur la stabilité familiale se casse la figure, est son problème et un clin d'oeil, le seul, qui puisse justifier notre moquerie. L'Unof est un syndicat qui trouve normal que ses patients aillent un coup chez le généraliste pour une gastrite, et un coup chez le fibroscopiste pour s'y faire poser un tuyau . L'Unof est à la table des serviteurs dans la maison de la famille. Et elle est bien contente quand ses maîtres lui accordent le droit de partager le dessert, ou la desserte, à la table des maitres.

MGF est désormais le syndicat des employés de la sécurité sociale. Celui qui prétend le contraire manquera de la plus élementaire honneteté. Enmaisonner la médecine générale, sans savoir ce que l'on va faire dans les maisons, est probablement le dernier signal fort de l'appartenance de ce syndicat à un paritarisme rampant, tout aussi rampant que peut être celui de l' UNOF devant son grand frère de l' Umespe. MGF est probablement à la Sécu ce que l'UNOF est à l'innovation libérale. Pour y voir plus clair, il faudrait que la présidence de MGF soit "tournante" , un coup un généraliste, un coup un administratif de caisse, un peu comme l'alternance Maffioli- Chassang . L'Unof mange à la table des maitres, et Mgf mange à la table des administratifs, de la façon la plus symétrique qui soit.

Et comme les puissances invitantes s'invitent aussi entre elles, il arrive pour compliquer le tout que chaque syndicat soit pris les doigts dans la soupe de la table qui n'est pas traditionnellement la sienne.

Le syndicalisme médical est ambigu, comme le sont nos propres sources de revenus. Je touche, comme 12% de MG, une somme rondelette à être médecin référent. Je n'ai pas changé d'un iota ma façon de travailler. Généralement, ceux qui croyaient travailler bien doivent continuer à le croire, et ceux qui travaillent moins bien n' en ont pas plus de comptes à rendre.

Je vis de ce métier en ayant à consacrer la plupart de mon temps à des actions de santé qui me sont "commanditées", par des consommateurs, qui n'y connaissent rien, des "promoteurs" industriels, qui, comme tous les générateurs de biens de consommation, ne connaissent pas d'autre médecine qu' hautement "curative", et spécialement si elle est dispendieuse, et des gestionnaires -politiciens qui ont, encore plus que nous, la crainte de ne pas se voir reconduits dans leur fonction.

Je me réveille tous les matins en me demandant si le maintien d'une éthique personnelle est compatible avec mes charges URSSAF, la sottise des demandes qui me sont faites, et la perfidie des conseilleurs de tous bords.

Je ne suis pas généraliste, je suis juste un "ovni praticien", un type qui essaie de faire le moins mal possible un métier qui n'existe pas, qui n'existe plus tant il se répand en missions approximativement floues, et pratiqué par des gens qui n'existeront eux mêmes probablement plus.

Je suis LE médecin référent, sans réferences pour le moment. J'attends les ordres pour rejoindre, les pieds et poings liés, ma maison médicale, livrée "clefs en main" ( et fers aux pieds ), sans mode d'emploi ....... "MG , téléphone maison"

Je ne suis pas à vendre, juste " à acheter" .....

Dr Bruno Lopez - Fonsorbes


Derniére mise à jour : 15/02/03

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