Cela se passe au Nouveau Mexique, le médecin- gourou, qui reçoit les souffrants, s'appelle le "curandero". Il s'assoit auprès du malade, ne lui parle pas de ses propres conditions horaires, de sa difficulté à travailler jour et nuit, des charges , de l'Urssaf, de ses enfants qu'il ne verra pas grandir, de ses difficultés de couple. Il écoute le malade, essaie de comprendre le mal, palpe quand il faut. Il n'y a pas de rendez-vous, pas de DE pour celui qui veut passer "avant le cours de flûte de pan" et "juste après la coiffeuse". Il n'y a pas de coiffeuse. Pas de spécialiste non plus, mais il y a quelqu'un. Il n'y a pas de certificat d'aptitude à traverser les fleuves pour quitter la misère. Alors le curandero, qui n'a pas de Leem pour innover tous les jours, fait un ultra filtrat des urines du malade, et l'amène à la purification.
Ceci se passe chez nous. "Le Point" nous dit qu'en France, "le diagnostic de dépression est posé en douze minutes par le généraliste". Sept minutes , depuis qu'ici le curandero doit aussi exprimer SA propre souffrance.
Le "courant d'air-o" se débat, entre son envie de bien soigner ceux qui en ont vraiment besoin, et de ne pas trop heurter ceux qui feraient mieux de noyer leur ennui dans autre chose que l'abus de biens "sociaux".
Le courant d'air-o n'a pas le temps, n'a plus le temps. Alors le patient avale tout, tout de suite et rappelle la nuit , parce qu'il n'a rien compris... Et les avis de tempêtes sanitaires qui se multiplient. Les IRSS, le salmétérol, les statines, les anti-cox 2 . Toutes ces merveilles qui polluent tellement les urines que le curandero n'oserait pas les faire goûter à ses patients... La peine -urine qui guette et nous menace...
Dr Bruno Lopez - Fonsorbes