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Fier mondisme

Le marché mondial de la santé représente quatre mille milliards d'euros, et quelques milliards de malheureux, ici ou là.
Quatre vingt pour cent de ce marché se concentrent égoistement dans les frontières étriquées de l' OCDE, et la moitié du tout aux USA.
Au sein de cette communauté de soignés, ce que certains pays d' Afrique consacrent par an et par habitant ne dépasse pas cinq euros. Les US en sont à trois mille cinq cent euros par an.....
Les" médecins sans frontières", MSF français des années 70, une fois devenus ministres, en sont à "réserver" à l'usage "exclusif" de la France, les 250 médecins espagnols qui ne trouvent pas, chez eux, d'emploi et qui vont donc s'expatrier. Et pourtant en Espagne, le temps moyen qu'un généraliste consacre à ses patients listés est déjà de sept minutes....

Aujourd'hui, en France, s'organisent ici et là, autour de fonds publics, les retrouvailles nocturnes et dominicales entre les "citoyens à satisfaire" et ses derniers médecins généralistes. Ce dont nous pouvons présager sans trop nous l'avouer, c'est qu'il n'y aura plus, un jour, de médecins généralistes, même si les derniers d'entre eux, quitte à décourager leurs successeurs, s'évertuent à renouer leur pacte avec la servilité.
Un médecin, partout dans le monde, a le choix d'édifier sa fierté sur sa compétence, et de jauger sa compétence sur la reconnaissance que "sa" société lui témoigne. Mais si la reconnaissance que "sa" société lui témoigne prend pour unique critère la commodité du moment, la facilité au moindre coût, et comme seul paramètre le prix ( plus que le contenu) , on peut penser que la profession médicale se perd elle même.
Un médecin généraliste est un formidable dispensateur de richesses. C'est un dispensateur commode, rendu à se presser, ou à l' être, et dont les qualités exploitables par la grande industrie sont probablement proportionnelles à la non qualification et/ ou à l'épuisement professionnels. Un généraliste est aussi, comme premier recours, le plus grand concentrateur de pauvreté, car il n'y a pas pire pauvreté que la maladie et plus ample témoin que le premier témoin. Et plus ample pauvreté spirituelle, pour le soignant, que de ne plus pouvoir y répondre que dans l'impuissance à se détourner, dans une adversité croissante, des réponses biaisées par d'autres que lui.

En molécules, en examens complémentaires, en soins para-médicaux, le médecin est un grand "initiateur".

Son "coût" , même négocié médiocrement sur la "peine", comme la chose persiste à s'orchestrer, ( avec la complicité tacite de la profession elle-même ), n'est plus que le minuscule alinéa d'une addition faussement sophistiquée, malicieusement complexifiée , hypocritement judiciarisée, et démesurément boursouflée.

Jusqu'aux dernières des années "Juppé", ont été essayées les mesures, les plus maladroites parfois, pour ramener l'accès aux soins à une certaine modération. Il n'y a plus d' autre espoir, désormais, qu'à "pauvrement" endiguer les fausses demandes émanant d'un monde sans foi ni loi. On ne "régule" pas un monde sans loi. On fait beaucoup semblant.
On "n'oblige pas" les médecins à une désinformation médicale continue dont ils deviennent, contraints et forcés, les "obligés". On s'y soumet, ou l'on s' en démet.

Les années à venir sont déjà, et seront encore, les années de la démesure, toutes attentives à mettre en situation ceux que l'on condamne, ou qui se condamnent, tout simplement, à gérer le grand gaspillage, orchestré par ceux là- mêmes qui ont construit, et consolident, ce "monde de un à sept cent".

C 'est une autre raison de la désaffection généraliste. Exercer un métier dur, exigeant, qui initie tant de dépenses aussi indécentes qu'inefficaces, et en n'y trouvant plus que l'ordonnation de valeurs que l'on n'est plus à même de maitriser, ne saurait susciter maintes vocations, en tous cas pas pour des "médecins sans oeillières", qu'ils aient l'intelligence du coeur ou même le sens de la besogne.
Leur espace de liberté se situe en dehors de celui que nous croyons, encore, pouvoir y débusquer, dans un maquis d' aliénations, qui semble, désormais, un maquis sans "retour"....
Le vrai "sur-sot" généraliste aura encore probablement de belles, dures nuits devant lui, mais pas forcèment de grandes perspectives pour de fiers lendemains .....



Dr Bruno Lopez - Fonsorbes


Derniére mise à jour : 26/01/03

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