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Recette du "lapin" en s.o.s

Dans les années 2000 agonisa la médecine artisanale. Celle qui prétendait assurer, matin après matin, nuit après nuit, la marée montante de tous les bobos, et la marée basse des aléas. Oh, certes, la guérison des maux bénins relevait plus du bon sens que de l’ordonnance experte, mais le médecin était de tous les selfies du jour. Il suffisait d’arriver en salle d’attente avant ou après la douche. S’en suivait un combat fort irrationnel entre un soignant besognant dans l’effort, et un patient trop content d’être sur la photo. Beaucoup de patients y survécurent. Pour les médecins, on ne sait pas.

En 2002 arrivèrent les docteurs refusant de se lever la nuit, et surtout scellant dans la constitution que la maladie aiguë avait un lieu de prédilection : les urgences. Le sevrage fut difficile, les ordonnances mal écrites à la main tremblante furent remplacées par l’ordonnance informatisée, spécifique des maux de l’avant-veille et des prévisions barométriques du surlendemain. Au réalisme des anciens temps, faisant de la salle d’attente le lieu de la proximité, succéda l’époque de la consultation freinée. L’histoire trouva un expression à ces ébats décalés ; “puisque je suis là , docteur”, ou encore, “ vous m’auriez vu avant -hier “

L’absurde avait trouvé son point culminant.
Les généralistes s’octroyèrent le planning de spécialistes du symptôme repoussé, les spécialistes étant devenus les gérants du programmé/dépassé. Pour soutenir l’édifice, poussèrent en tant que soins palliatifs, et co-gérants des maisons de santé, les cabinets de psycho-ostéo-kinésiologues traitant sur le fond ce que nos praticiens refusaient désormais à nos anatomies meurtries.

Acquis le libre accès à la complainte des plateformes, exit le choix déjà programmé de la douche avant, ou après la consultation.

Alors, vers dix huit heures, la course- poursuite des rendez-vous numériques. Une place de libre dans huit jours pour ma crise d'hémorroïde ? Avec la douleur qui gronde, le médecin non joignable, car en cours de soin programmé, la petite que l’on doit chercher à la garderie et maman qui doit aller au sport . Le service des urgences est en grève depuis 13 jours.

Et là le drame, le docteur qui m’a éconduit sur sa plateforme ,et bien il était à la salle de sport ! . “Alors tiens, je n’annulerai pas le rdv” !.

Des tas d’instituts savants ( dont Gabriel Attal) ont investigué le coût des lapins. Seul le lapin claudiquant sur internet avec “sous le bras” une belle hémorroïde reportée aux calendes grecques peut parler de la rancune vengeresse à ne pas prévenir son médecin que l’on a trouvé moins loin, pour pas plus cher. Le lapin en S.O.S n’est donc pas QUE le fruit de l’ingratitude, c’est aussi le résultat de bien mauvaises manières dont personne ne détient les clefs..
La garennisation des lapins soumis à la douche écossaise a donc ( encore) de belles annulations devant elle .



Dr Bruno Lopez - Frouzins


Derniére mise à jour : 11/03/24

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