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La France est incontestablement un pays “sentimental”. Lorsque vous recevez sur la tête un pot de fleur tombé subitement du sixième étage, vous êtes en légitimité pour éprouver un “sentiment” de dangerosité. Si “votre pronostic vital est engagé” ( comme l’on dit sur les chaînes d’info), votre encéphalogramme vous fait passer, automatiquement, du “sentiment” au “ressentiment”.
Si vous ne faites, au contraire, que “passer près de la catastrophe”, en époussetant votre veston couvert de terreau, alors vous êtes en droit de faire état d’une “atmosphère” de péril imminent.
Le ministère de la santé ET de la prévention ( comme si c’était pas pareil ) utilise un personnel hospitalier qui n’a pas son équivalent en nombre en Europe ( à ceci près que chez nous les administratifs ont conquis les étages supérieurs).
La loi spécifique des 35 heures a complexifié le fonctionnement quotidien des soignants, qui passent plus de temps à contrôler leur RTT que le temps dédié aux patients.
Le réseau de ville, lui, a mutualisé les zones de confort des praticiens, tout en les rendant grincheux et “ressentis” comme moins vaillants que leurs aînés.
Confronté à la grogne des libéraux, le nouveau ministre de la santé, dans une “atmosphère” de rigueur budgétaire, vient de faire la proposition suivante : chaque centime nouvellement alloué au paiement des libéraux devra, en contrepartie, aboutir à une extension des clientèles. En gros les médecins se verront condamnés à être fatalement plus riches, en voyant plus de monde, et, pour ne pas finir plus tard ( ou quitter la profession ), ils le feront inéluctablement moins bien car plus vite ,
En même temps, de son côté, le directeur de la caisse d’assurance-maladie, s’aperçoit brutalement que chaque centime de médecin génère quatre centimes d’examens biologiques, radiologiques, et autres émerveillements de la technologie traumatisante. Il demande donc aux prescripteurs de prescrire de plus en plus vite de moins en moins de prises de sang, etc.
Il passe de ce fait sous silence le “sentiment” de judiciarisation des soignants, qui savent que la faute professionnelle, ou son atmosphère, ne s’évite point tant par la vocation, mais par la mise en branle des actes complémentaires. Ce qui, plus que certainement , aboutira à des consultations écourtées et fort dispendieuses.
La France soignante, telle la France de la justice, des féminicides, des TGV ( pour “trains généralement en grève”) et des cambriolages , s’interroge à savoir pourquoi ces “atmosphères, sentiments et ressentiments” ne nous mènent qu'à des brancards en surnombre, des cellules sur bondées et des bracelets électroniques qui tombent en panne
à l’entrée des gares..
La réponse est probablement celle des agriculteurs, qui, faute d’installer les villes à la campagne, ont déposé, et remis à l’envers, les panneaux de signalisation des bourgades..
A l’évidence, les français marchent sur la tête, tandis que les hommes et femmes politiques français marchent sur des œufs.
La France sentie, ressentie et atmosphérique, marche donc sur la tête des œufs, et ceci jusqu’à s’en mordre par la queue.
Dr Bruno Lopez - Frouzins
