Rechercher
Formation médicale continue
Divers

Evidence-blues médecine



PAR CONTRE !

On dit souvent que la fatigue accumulée génère des locutions répétitives, ou, pire encore des locutions incantatoires. On se souvient des collègues de bureau qui débutent chaque phrase par un « par contre » nous poussant à ne pas leur offrir, malgré leur fatigue, de café au distributeur de l’étage.
Les milieux politique et journalistique, sont, eux aussi, de plus en plus en plus friands de ce qu’il est commun d’appeler, on ne sait pourquoi, des « éléments de langage ».
Le langage est initialement ce qui est de plus vénérable, parmi les tentatives de communication entre les êtres, animaux, et peut-être même végétaux. Alors évoquer des « éléments » de langage ramène à l’image d’un bel avion écrasé au sol. Les éléments de la carcasse, les éléments des passagers font évoquer quelque chose de définitivement détruit, et ramené à l’élémentaire.
De la même façon les « éléments de langage », qui circulent dans notre société, ne sont plus que le signe de la haute fatigabilité des échangeurs, faisant des élites auto- proclamées de simples porte-voix élémentaires, ou pire, élementeurs.
Dans l’échelle de de détestabilité de ces punaises de la pensée, nous placerons en premier le « faire ». Exemple : depuis quelques jours l’école républicaine doit « faire- sens », alors même que la volonté réformatrice doit « faire- France », et la prévention « faire- vertu ». Passons sur les éoliennes qui doivent « faire- vent » et l’écologie « faire- nation ». Le jeu est simple, et dirais-je même, doit « faire simplicité ».
Petit parent pauvre de notre sloganisation, , la France de la mobilité, qui devient la « France-mobilité », les tomates du jardin qui ne poussent désormais qu’en « tomates-jardins » (ou bien « jardins-tomates »). Autrement dit, la » réclame fait sens », et la « France-affiche » n’en a plus rien à fiche.
Un peu plus bas se situe la factualité des choses qui doit invariablement rendre plus crédibles les choses « factuelles ». En sachant que trop de factuel a parfois du mal à « faire sens ». Dès lors le factuel ne semble guère plus concéder de certitude que les choses fausses qui « font non-sens ».
Nous passerons brièvement sur la tendance « escalatoire », qui nous amènera bientôt à la multiplication des dérivés, scandalatoires, inflammatoires et rédhibitoires.
Notre langue « fait pauvreté », et du coup, c’est la « pauvreté -langue » qui devient factuelle.
Dans les temps jadis poussaient des gens de bon sens. Puis arrivèrent les experts télévisuels, vrais ou faux, aptes à parler de tout. Enfin la terre pensante se mit à placer les faux experts sous l’autorité des vrais experts qui avouèrent n’être là que pour veiller à ne pas sortir de leur champ d’expertise.





Dr Bruno Lopez - Toulouse


Derniére mise à jour : 21/01/24

Précédent Sommaire Accueil