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TARATA

Les longues soirées d’hiver nous ramènent toujours à TARA, et à « gone with the wind ». ET passer quatre heures avec Scarlett O’Hara , Prissy et Clark Gable, est un plaisir toujours renouvelé , tant Scarlett garde sa taille fine, Prissy un excellent accent d’esclave ( Wokistes, où êtes-vous ? ) et Clark-Rhett Butler ses oreilles décollées.
La rediffusion 2024 m’a attiré, et fait zoomer vers le bon docteur Meade, chirurgien d’Atlanta, père de deux sécessionnistes morts à la guerre, mari de mme Meade, excellente bénevole hospitalière, et lui-même médecin de famille des O’hara , de Melanie Wilks et autre Beau Wilks.
Tandis que Mélanie agonise suite à un malaise inexpliqué, le bon docteur Meade régule les entrées et les sorties, admoneste Scarlett, qu’il a confiné à Atlanta, et réconforte Ashley. Il est LE médecin traitant tel que notre planète n’en fait plus. Sacerdotal, magistral et royal. Ne revenons pas sur la faible technicité de l’époque, et les rudes journées du bon docteur Harry Meade. N’accentuons pas le trait sur les rigueurs budgétaires de la banlieue d’Atlanta en 1864, Olivier Veran n’ayant pas encore conclu le Ségur de la santé, et n’oublions pas l’esclavagisme des non-blancs, n’ayant pas encore affranchi les médecins à diplômes étrangers, et les maisons de santé toujours bombardées en force par l’infanterie Yankee.
L’écran éteint, Scarlett retournée à Tara, munie d’un plan de restructuration agricole, je me suis demandé ce que le narratif médical était devenu en 2024, nos bons docteurs Meade ne pouvant plus tenir la porte des consciences meurtries, affairés qu’ils étaient à scanner, dupliquer et ne plus répliquer..
Le narratif de « gone with the wind » était donc bien mort, tant la consultation de soixante personnes par jour, assurés sociaux et essentiellement « engorgeurs d’urgences ») allait devenir le « nanar hâtif » de nos 90 000 généralistes gates-keepers de nos essorés sociaux.
Nos généralistes, tel le dernier carré des Confédérés , allaient -ils servir encore à quelque chose, tant leur mission primaire, secondaire et tertiaire ne deviendrait plus que de faire du « temps médical » ?
Alors qu’une chaire de « médecine narrative » semblerait poindre le nez, pour redonner à la médecine générale son rôle de polyvalence à servir bien d’autres dieux que le temps médical, asseyons-nous dans notre fauteuil, et observons le Dr Meade, docteur du narratif, accessoirement enfant de son Tara natif, et à la fois lanceur d'alerte de notre nanar hâtif.
Servir à tout soixante fois par jour, est-ce encore servir à quelque chose ?
« Allons enfants de l’âme partie, le jour de gloire est arrivé ».


Dr Bruno Lopez - Toulouse


Derniére mise à jour : 18/01/24

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