Nous passons à la fouille experte la plupart des assassins du monde, des terroristes (et subalternes) dont on prend volontiers le pli d’avoir peur. Ceci valant pour lorsqu’ils ne sont pas déjà « neutralisés » par notre honorable propension à nous défendre.
La question qu’il est bon de se de poser alors est toujours la suivante : le présumé coupable « avait-il tout son discernement » ? Ou, forme plus savante : l’individu « avait-il des antécédents psychiatriques » ?
A quelle fin sont élaborés ces distinguos savants ?
Si l’on inspecte l’état de nos prisons, comme celui de nos hôpitaux, cette classification a-t-elle encore du sens ? On ne parlera pas, non plus, du rôle inducteur de ces structures sur le discernement et l’état mental postérieur à la sortie des intéressés.
Autrement dit, peut-on imaginer qu’un être coupable ne se retrouve systématiquement amputé, soit de son discernement, soit de son aptitude à se retrouver, dès sa sortie, en état de virginité psychiatrique ?
Notre monde est passé à la légitime démence. Tout dirigeant conséquent, tel le particulier, a le pouvoir de « neutraliser », « d’éliminer la cible », ou, par défaut, de « ne pas faire de prisonnier ». A un point tel que démocraties et dictatures se rejoignent, malgré leur mine d’antagonisme.
On ne sait plus si la liberté de tuer facilement, méthodiquement, se tient toujours du bon côté de la communauté, et se maintient finalement exempte de troubles psychiatriques.
Alors quid du coup d’après ? On imagine un ciel étoilé de satellites, de temps à autre éclairé de roquettes, de missiles, et autres réponses du berger à la bergère.
Nous nous intéressons brièvement au sort de ceux qui meurent, avec la jubilatoire conviction que s’ils ne sont pas morts « pour nous », en tous cas, ils ne meurent pas « par nous ». Nous nous intéressons encore moins au devenir de ceux qui nous tueront, avec ( ou sans ) discernement. Et c'est très désolant.
Dr Bruno Lopez - Toulouse