« Protéger l’hôpital ». On n’entend plus que cette antienne du soir au matin. Des grands professeurs débauchent plus tôt (ou peinent à démarrer plus tard) pour nous parler des lits, de ceux qui les entourent et si peu de ceux qui les occupent.
Axel Khan, avant de mourir lui-même du cancer, avait été le premier (et dernier) à déclarer que les « soins programmés » (tels que l’on les qualifiait) n’étaient point des soins esthétiques, ou de confort, mais bel et bien des soins reflétant déjà l’incurie d’organisation de « notre » hôpital. Avant le covid, les soins dits « programmés » souffraient déjà de délais à la limite du raisonnable.
Désormais c’est la supportable idée du déraisonnable qui guide le politique et lui permet d’avancer plus loin dans la catastrophe et la mise sous cloche du raisonnable.
Les médecins télévisuels ont le « pouvoir du savoir », ils se focalisent bien complaisamment sur la capacité à remettre sur le dos les services de réanimation (et les patients sur le ventre) ; ils en oublient tous ceux qui, outre le virus potentiel, sont déjà soumis à la perspective de la mort au bout d’hospitalité. Les cancéreux, les coronariens, les diabétiques fatigués, les enfants chez le psy.
Les politiciens télévisuels ont, eux, le « savoir du pouvoir », infligeant, à chaque étape, le discours qui infléchit le sondage. Demain ils vaccineront les chiens, les chats et les poissons rouges pour nous prouver qu’ils sont à la hauteur.
Dans le monde de Simon and Garfunkel ,« silence like a cancer grows » . Dans le monde de Garfunkel séparé de Simon, « cancer like a silence grows ». Le cancer croît comme un silence
Dr Bruno Lopez - Toulouse