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Les murs ne sont pas fruits

LE MUR DE L?ARROGANCE
D?abord on eut beaucoup de peine pour nos amis ritals. Le soir où nous cernâmes héroiquement le cluster de Contamines-Montjoie, les italiens remplissaient de cercueils l?église de Bergame. Les espagnols s?y mirent un peu plus tard, mais nous restions, fidèles gaulois, à l?abri du choc. Les anglais étaient fous, et nous nous fîmes répéter, du matin au soir, les mesures barrière. Les Etats Unis ne firent guère mieux, et quelle consolation de voir que le pays consommant la moitié des médicaments de la planète faisait pire que nous.
Notre ministre ayant pu décontaminer les Contamines prit d?assaut la mairie de Paris. On manquait de tout, mais comme tout ne servait à rien, on nous expliqua de ne pas nous plaindre. Ce fut le premier tour des élections sans danger, puis l?avalanche des morts, « sans compter les ehpads », qui manquèrent notoirement de tous ces matériels ne servant à rien.
Ensuite on nous parla des thermomètres dans les aéroports, qui ne servaient à rien non plus, puisque les passagers auraient tous pris du paracétamol. On relança la fabrication du paracétamol à Agen.
Les tests ? Même logique : à quoi bon dire à des aveugles que les yeux servent à quelque chose, et à des sourds que les paroles ont un sens ? Exemptons -nous du bon sens, pour mieux garder le moral..
Puis désormais, « 700 000 tests par semaine ». Oui mais sans savoir pour qui, et pour quoi faire.
Les masques devinrent intéressants, mais faute d?en avoir, on en figea des tutoriels. On inventa le masque « grand public », comme les amoureux sur les bancs publiques. Certaines mairies passeraient sur le dos des agences de santé, on vit le Dr Raoult nous dire qu?il délivrait la chloroquine comme des sucreries ; bref chacun jouait sa musique.

LES MURS QU?ON POUSSE
Ensuite les mêmes qui refusaient de rendre les soins aux soignants, je veux parler des administratifs, devinrent hyper actifs. Des alertes en veux-tu en voilà, des ordres, des avenants et des mises au point. Rien de pire que ce qui se vit de plus chaotique dans d?autres pays (consacrant moins à leur santé), mais rien d?autre que six fois plus de morts que chez nos collègues allemands. On se mit à « pousser les murs », vocabulaire volontariste pouvant nous faire penser qu?on n?irait point, encore et encore, dans le mur. On nota que le Maroc était auto suffisant en masques, ce qui évita que l?on ait à leur envoyer nos tutoriels et qu?ils en meurent de rire.

LES MURS QUI REMONTENT DEJA
Notre monde hospitalier est fait de trente pour cent d?administratifs. Il absorbe les mêmes 11% du PIB que chez nos collègues allemands, qui ont des soignants deux fois mieux payés que nous, et trois fois plus de lits.
Les agences régionales de santé qui se sont abritées derrière les murs de l?inertie n?ont prise sur rien. Les académies, les experts, les patrons de PME qui commandent leurs masques de leur côté, les recettes médicales plus ou moins folkloriques circulant ça et là. Si ce qui n?est pas une « crise , mais une véritable catastrophe, reste gérée de telle façon, rien ne sert d?assurer des navettes aériennes, d?ériger des comités d?incontestables experts en jalousie intrinsèque. Et si, demain, ce qu?il nous reste d?argent (découpé dans les masques) est englouti telle la gestion des stocks, alors oui, nous serons mal.


Dr Bruno Lopez - Toulouse


Derniére mise à jour : 23/04/20

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