La cour du tsar s?inquiéta tant pour le tsarevich Alexei, hémophile, qu?elle alla chercher Raspoutine, son « starets » et prophète. La science médicale de Saint Pétersbourg ne savait pas que l?aspirine, administrée par moult médicastres, majorait les saignements d?Alexis. Arriva Raspoutine, qui fit cesser la chose. Les hématomes furent annulés, les experts remerciés, et Raspoutine fêté.
Depuis deux jours je suis troublé. La France qui égraine ses morts, et agrège ses experts comme les paroissiens de Mulhouse, aurait un remède miracle dont « on entrave » la délivrance. Au scandale d?un gouvernement qui crie « confinement, confinement » en commandant tardivement les masques de la honte et les tests de la disette, s?ajouterait celui, encore plus intolérable de la non- délivrance de la chloroquine.
Il ne faut pas, cependant, que notre président et sa task -force, soient au corona planétaire ce que Giscard d?Estaing, Raymond Barre et Elf, furent aux avions renifleurs.
Je suis troublé d?avoir entendu hier un autre professeur phocéen s?indigner que l?on n?écoute point « une star » de la médecine française. Je ne savais point que le respect professoral était fondé sur le statut de « star ». Je me souviens, en revanche, du Pr Barnard, pionnier de la transplantation finissant à injecter des extraits placentaires aux vieillards de Genève, ou du professeur Montagnier, découvreur de la papaye fermentée, de Benveniste révélant,lui, la mémoire de l?eau. Entre apogée et dérive il y a parfois l?épaisseur d?une statistique biaisée.
Stars et starets sont parfois les révélateurs de temps troublés. Il est possible que Marseille héberge le prochain prix Nobel de médecine, et que le Dr Raoult devienne le héros incontesté de la « star pandémie » tandis que l?imbécile que je suis aura signé sa perte. Ce qui me gêne est cette parole : « l?homme qui a inventé le traitement du coronavirus ». ON n?invente pas un traitement, ON le découvre.
Pour l?instant on peut guérir par la chloroquine, par l?homéopathie, par la prière, par le fenouil, 85% des cas d?une maladie dont on sait que l?on guérit à 85%. En revanche, comme l?agonie télévisualisée, inéluctablement programmée, de 2% de l?humanité nous rend tous fous, et Donald Trump plus idiot, on doit tout faire pour maintenir l?espoir. En ce sens -là la chloroquine est un progrès. Et Didier Raoult, s? il n?existait pas, l?a « inventé »
Dr Bruno Lopez - Toulouse