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Il y a toujours des mohicans. Fenimore Cooper nous a un peu menti. Les Hurons, les Delaware et le pauvre Uncas en ont désespéré. Les derniers font souvent tout pour ne pas l?être. Les premiers, parfois, ne font pas tout pour l?être.
Ce jour, le ministre de la santé nous a annoncé « le premier mort hospitalier du corona virus ». Ce même second ministre nous avait annoncé fièrement, voici un mois « il n?y a plus de cas de coronavirus en France ». En ce temps là les nouvelles de France étaient bonnes, celles d?Italie et de Chine, moins. Les espagnols n?étaient pas, eux, le premier de nos soucis.
Peut-importait. Nous voulions ne pas être les derniers à ne pas être les premiers.
Dans notre société, gérant beaucoup moins bien l?angoisse de mort que les troupes anglaises le génocide des amérindiens, nous n?aimons pas les grands départs. Un milliard de masques évaporés ne sont pas aussi émotionnels que quarante huit millions de masques annoncés. Les premiers de cordée, pour sûr, délaissent les questions secondaires.
Nous n?avons plus besoin que de « premiers ». Le premier découvreur de chloroquine. Le premier bateau de guerre affrété pour la Corse. Sûrement un jour le premier média dédié à nous annoncer la fin de l?épidémie. Et le premier ministre disant ce que les derniers ministres ne pourront pas s?offrir.
Pour l?heure nous ne nourrissons point des seconds rôles. L?instinct de communication est plus vivace, plus tentant que l?instinct de survie. Après le premier mort médecin, le premier député réanimé, le premier chanteur d?Opera en réa. Ces inaugurations de peurs sont -elles porteuses de sens ? A-t-on intérêt à décliner ces premières fois pour signifier, tel le premier homme sur la lune, qu?il y a des premiers mortels sur la terre ?
Nos psychologues seront -ils en première loge pour la dernière de la terreur ? Pour l?heure la maréchaussée nous délivre des contraventions. De première catégorie.
Dr Bruno Lopez - Toulouse
