Chambre 402, la deuxième chambre du quatrième étage. Chambre 608, la huitième chambre au sixième étage. USP. Ma mère est passée de l?une à l?autre. A plus pouvoir guérir, on peut toujours couloir guérir.
Un service était dédié à en faire éventuellement trop pour un âge incertain, sur un plan de cinq jours. Belote, rebelote, et cathéter de der.
Les internes y connaissaient tout d?un domaine plutôt étroit. Et assez affûtés à éviter le regard.
Un autre était dédié à l?humanologie, ou à l?humanitude, je ne sais plus trop. Les internes semblaient juste antalgir plutôt que mal agir. Indifférence feutrée.
La même « bande de confidentialité » régnait toutefois des deux côtés. De fait, il semblait interdit que l?on cause aux médecins. Ils étaient assis généralement par deux. Ils semblaient accaparés par leur remplissage (ou remplitude ?) de dossiers protocolaires. Les familles semblaient être là pour ramener un bon de transport, une photo des petits enfants, ou tousser dans le couloir pour « demander à voir quelqu?un ».
Alors, parfois, une aide-soignante (non? souvent), ou une infirmière parfois (oui... parfois) quittaient leur bande de confidentialité pour donner quelques mots, à la place des premiers de la classe exemptés du dialogue.
En fait les aides- soignantes parlaient encore aux gens car, ce faisant, elles se ressentaient dans un rêve d?infirmière. Et les infirmières se laissaient aller à briser le silence comme pour être ce que les docteurs n?étaient plus.
Les docteurs, eux sûrement se croyaient être des co-pilotes de gros porteurs.
Après la 608, tout s?est arrêté vers une heure du matin. On m?a donné un guide du funérarium.
Dans un premier temps j?ai failli adhérer à la thèse du « manque de personnel ». Puis j?ai vu trop de gens planqués à renseigner les disques durs davantage que les familles durement touchées.
J?ai vu une fabuleuse aide-soignante (vous savez, « celles qu?il faudrait absolument revaloriser ») me dire : « il y a un médecin au fond du couloir, mais ne dites pas que c?est moi qui vous l?ai dit »
Au deuxième étage, la « salle des familles » était devenue le hall d?embarquement des arrivants de l?après-midi. « Operaturi te salutant ».
Au sixième étage, la « salle des familles » semblait réquisitionnée pour le repas des personnels. Bandes à part.
J?en suis venu à penser que ces infirmaticiens et ces ovni-praticiens ne manquaient peut-être pas de personnel, mais plutôt de personnalité. Qu?à ne plus renverser ces ordis comme les premiers soignants avaient un jour renversé l?empirisme, ils étaient devenus les bourreaux en ne considérant pas que les véritables galériens passaient de la 608 à la 402, otages confrontés à des objectifs preneurs d?étages.
Meilleure médecine (de l?autre côté) du monde. Un jour les malades devraient jeter leur pyjama devant les ascenseurs. Et déperfuser les médecins de tous leurs câbles. Ainsi les aides -soignantes ne rêveraient plus d?être infirmières, les infirmières d?être des docteurs, et les médecins d?être pilotes.
Dr Bruno Lopez - Toulouse