Au trente- troisième jour de grève, le syndicat offusqué des accusés de paresse catégorielle ouvrit une koagnotte géante. Les dons en feuilles d?eucalyptus se comptèrent en millions. Il fallait rejeter le projet par la koagulation des luttes !
En face, la Koala- Rem, réputée pour son intransigeance, et composée essentiellement de wombats des montagnes, chercha à s?allier le soutien de la confédération française des koalas réformateurs. Un peu plus loin, les koalas à moustache de la SNKF (société nationale des koalas factieux) continuèrent le combat. Pour eux, le principe de la marsupialisation universelle des retraites était un incontestable coup de Trafalgar. Allait-on indexer l?âge de la retraite sur le cours flottant de la branche d?eucalyptus ?
La Koala-rem, prétendant que les inégalités de température entre le Victoria et le Queensland ne justifiaient pas de différence de traitement, restait intransigeante. La SNKF répondit que le climat froid de certaines zones exigeait réparation, tant sur l?épaisseur du pelage que sur l?indexation sur le cours de l?humidité. Que la réduction du temps de sommeil journalier de 20 à 18 heures était une intolérable régression vis-à-vis de l?esprit des pères fondateurs de l?état providence.
Durant cette lutte à mort, les plus grands éditorialistes de la presse internationale s?inquiétèrent de deux ou trois autres choses. Primo, le cerveau des ancêtres des koalas modernes occupait toute la boite crânienne, ce qui n?était plus le cas. Le dernier sondage de confiance auprès d?un échantillon significatif de 1000 marsupiaux ne trouvait plus qu?une substance cérébrale chiffrée à 0.2% de la masse pondérale. Un reportage étaya cette hypothèse en remontrant ce défilé de koalas jaunes hurlant bêtement : « c?est KOALA réforme ? ». Effectivement. On évoqua la trop grande fréquentation des chaines d?info, et / ou l?excès de consommation de pizzas arrosées de pina koalada.
Secundo, la température montait, dangereusement. Un marsupial koa-leader du monde libre se mit à nier effrontément le phénomène, de la forêt amazonienne au bush australien via Koala Lumpur et la Malaisie.
Une allumette embrasa de façon koalamiteuse cette planète inconséquente. L?âge d?équilibre des comptes et du pouvoir d?achat se fracassa sur une odeur de brulé et de déraisonnable.
Non seulement l?Australie vit disparaître l?équivalent de deux Belgiques, mais la Belgique elle -même vit disparaitre l?équivalent de trois Suisses. Et la Suisse de trois Andorres.
Chaque koala réalisa subitement que l?âge de départ au sein d?une forêt dense perdait de sa substance dans la mesure où les flammes deviendraient le seul critère de pénibilité d?une espèce en voie de disparition. L?âge pivot fut habilement remplacé par un âge pavot. Quitte à disparaître, les koalisés de la lucidité retrouvée se mirent à fumer le koalumet de la paix, et même à boire, et ce au point utile de transgression de leur physiologie assoiffée de lucre. On vendit cette année là une quantité record de calendriers de pompiers.
Dr Bruno Lopez - Toulouse