Notre langue française avait abandonné le terme « déceptif » depuis cinq siècles. Nous avions le choix entre être « déçus », via la déception, ou « abusés », via le mensonge. Les anglais maintinrent le terme déceptif, qui ne désignait pas autre chose que la duperie.
Nous avions des problèmes, certes, qui pouvaient trouver ,ou non, solutions, soit décevantes, soit trompeuses.
Ainsi un homme pouvait tromper sa femme, en étant à la fois déceptif et?. décevant. Ce que celle-ci ne pourrait pas "supporter" (« stand » en anglais)
Puis arrivèrent les « problématiques », coïncidant avec l?abolition des problèmes. Et face aux problématiques, force fut de constater qu?il ne faudrait, sans problème, « ni tabou ni totem ». Mais qu?à l?issue de ne pas mener à bout la résolution des problématiques, tabous et totems prirent feu, chaque samedi du mois. Au risque que les promesses ne mènent qu?à la désolation, via la déceptivité des prometteurs décevants.
A un autre bout de la planète, une tuerie se renouvela. Les dépêches de l?AFP traduisirent rapidement le carnage en « incident » puisque les anglo-saxons utilisent le terme « d?incident », qui vient du latin « incidere » (tout ce qui survient).
On arriva sur les chaines d?info à un « incident » de cinquante morts, avec aussi des blessés graves devenus des victimes en « urgence absolue »
Et devant les morts, par incident, on n?usa plus parler de respect total, mais plutôt de « total respect », comme il se doit, jusqu?à en « supporter » les endeuillés.
De la charrue avant les b?ufs, on détricota tout sens de la sottise, pour que le buzz précède la charrue.
Dr Bruno Lopez - Toulouse