Ceci n?est pas une tribune politique. Ceci est le récit éclairant d?un samedi soir bien arrosé en Seine Maritime. Il est fait le récit d?un repas associant cinq convives d?une même famille, réunis autour d?un gilet jaune plus rond que les ronds- points.
Les coups pleuvent, la conversation s?anime. L?homme en jaune tabasse ses proches, qui appellent les policiers. Ces derniers placent l?agité en position latérale de sécurité, que l?usager bien imprégné assimile davantage à un assaut d?une compagnie républicaine de la même sécurité. Les coups pleuvent à nouveau, l?homme guidé au commissariat prend bien soin de vomir dans le véhicule des gendarmes avant de demander une dernière fois la démission du président de la république.
Une autre scène implique trois grands amateurs de quenelles qui invectivent une personne âgée dans un métro de nuit. La vieille personne, sollicitée de tous cotés pour évoquer ce qui ressemble fort à une atteinte raciste, calme tous les esprits en précisant fort sagement que « trois ivrognes » ne mériteront pas tant de troubles supplémentaires dans ce monde agité.
Notre hexagone ne connait plus que la colère, des uns, des autres. Il semblerait même que la colère devienne l?entrée, l?amuse- gueule (de travers) de tous nos samedis, de nos envies, de nos besoins. Ou plus que l?entrée, le plat de résistance, ou pire encore la non- résistance à en faire tout un plat.
Parmi les énergies fossiles qui ont déclenché l?ire de nombre de concitoyens, une seule n?a pas été pourfendue. C?est l?énergie apéritive du pinard, qui galvanise et échauffe tant les esprits.
On pourrait rêver d?une transition ?nologique qui ferait de ce carburant nocif (200 000 morts / an) un produit surtaxé.
Un « make the planet sobre again » qui réconcilierait les familles, et qui ferait que les fins de mois finissent bien mieux que la fin des bouteilles, des banquets ou des manifs.
L?alcoolémie du colérique ramenée à zéro. Et l?éthanol pour les seuls réservoirs.
Dr Bruno Lopez - Toulouse