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« Nous sommes ce que nous choisissons ». Une marque asiatique de cercueils ambulants associant essence ET électricité semble avoir édicté LE slogan qui colle aux temps nouveaux. Ce sont donc nos choix qui nous sélectionnent. Devise apparemment attractive, puisqu?elle nous permettrait de paraître (voire d?être ) co -adeptes d?énergies fossiles et d?énergies renouvelables. La rue exhiberait les salauds, pollueurs en diesels, et les « gens biens », qui sont « ce qu?ils ont choisi », faute d?être, ce qu?ils ont choisi d?être.
« Nous sommes ce que nous choisissons ». Ainsi sommes-nous. Terrible slogan exportable aux services d?urgences. Nous avons fabriqué des usagers qui ne se reconnaissent que dans « l?être urgent ». C?est ainsi qu?ils sont devenus ce que la lancinante musique de l?angoisse a choisi qu?ils deviennent. Les égarés des heures tardives.
L?arrivée aux urgences augmente de 20% tous les dix ans. Un éminent syndicaliste urgentiste a trouvé la solution. Il suffirait d?ouvrir des centres médicaux jusque tard le soir. Ainsi, les hordes de consommateurs, à qui nous avons demandé de vivre dans l?angoisse perpétuelle, auront un pré-essorage. Ils feront la queue dans les services de bobologie qui, une fois submergés, relargueront la misère vers les centres de deuxième intention.
Tant que nous ne reviendrons pas à choisir ce que nous sommes, tant que la révolte ne grondera pas à refuser d?être ce que l?on nous oblige à choisir, pour redevenir ce que nous choisirions d?être, nous ne calmerons pas les hordes.
Dr Bruno Lopez - Toulouse
