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A un sait, dix qui cherchent

L?association des diabétologues américains ( l? A.D.A. ) préconise désormais de dépister le diabète non point sur la base de la classique glycémie au bout du doigt, mais grâce à un savant dosage, l?hémoglobyne glyquée . Nom de code : « HbA1C ».
Les américains ont toujours aimé les noms de code?
Alors, faut-il en être, ou pas, de cette opération commando qui, grosso modo, consiste à ne plus fliquer les malades sur ce qu?ils ont dans leur « frigidaire de la journée », mais plutôt sur ce que l?on trouve dans leurs « poubelles des deux derniers mois » ?

Va t?on dire aux sceptiques : mais, alors, vous êtes "contre" le dépistage du diabète !

Version un : larmes ? ADA . « L?association américaine des diabétologues proteste contre l?obscurantisme des réfractaires et souligne les profonds délais diagnostics qui amputeront la planète de milliers de jambes artéritiques ».
Version deux : l ?ARM-ADA . « L?association américaine des diabétologues, avec le soutien des groupes pharmaceutiques X, Y et, W and X recommande désormais de mettre sous traitement tous les patients dont l? HbA1C sera supérieure à 5% » .

Bien sûr que le débat ne se pose pas en terme d'utilité de tel ou tel dépistage, mais en terme de finalité des actes de prophylaxie que nous sommes amenés à soutenir.
D?autres, parmi nous, plus austères que l ? ADA, , pensent que toute personne qui ne bondit pas d'enthousiasme devant un gadget émanant d'une société en fort conflit d'intérêt est une personne qui voit le mal partout.
Empêcher les complications inhérentes au diabète est évidemment un objectif louable.
Peut-être a t?on seulement droit de réflexion sur le lien suspect entre ce dosage "fin" de l' HBA1C, et ses retombées pratiques sur les individus qui vont se voir ainsi dépistés. Le diabète, et son début, sont intimement liés à la génétique individuelle, dans sa composante pancréatique, et aussi psychique. Le diabète est aussi une maladie immunitaire, et une maladie croissante liée à la malnutrition, aux mauvaises habitudes de vie.
L'association des diabétologues américains va probablement traquer le sucre comme l'association des cardiologues avait traqué le cholestérol, et celle des rhumatos l'ostéoporose. Cela va générer d'énormes coûts de prescriptions médicamenteuses, en hypoglycémiants, sommes d'argents qui auraient pu servir à l'éducation au goût des populations à risque actuellement décimées par la pandémie de mal bouffe.

D'autre part, il est aussi licite de penser que la personnalité des hyperphages n'est pas toujours adéquate à la pensée des "réducteurs de risquologues".

Il n'est pas impossible que pas mal de sujets étiquetés "limite", au niveau de leur HBA1C, ne se retrouvent dans la même impasse sanitaire que les hommes de cinquante huit ans avec un PSA limite leur indiquant qu?ils sont « foutus, sauf si? » . Avec une charge anxieuse qu'ils résoudront dans une hyperphagie que les diabétologues matraqueront à coups de molécules.
En résumé, ne disons pas : "vivons heureux, vivons cachés, non dépistés " . Mais ne disons pas non plus "vivons heureux, vivons cachets car dépistés" .
Nous allons prescrire larga manu des HBA1C comme Roselyne Bachelot avait commandé des stocks de vaccins H1N1.

Cela va t'il améliorer le sort des infra ou des légers diabétiques ? C'est toujours pareil, d' Orlando ou de Miami nous arriveront les cartes postales de satisfecit de l'association des diabétologues américains. Version trois : l? amb- ADA.


Peut -être même que pour cent de nos patients mis sous glitazones, ou sous Byetta, nous aurons une chute de la morbidité de zéro virgule cinq pour cent, pour preuve de notre dévouement.

Il y a un très beau film dans les salles , qui s'appelle "Le soliste" . Il décrit les conditions de vie du LAMP, le quartier pauvre de Los Angeles. Les obèses y sont filmés en gros plan. Je suis sûr que demain l'apport de l' HBA1C, telle une descente de la police, permettra de déverser sur eux les molécules du bonheur retrouvé.


Alors, pourquoi résister à la science ?




Dr Bruno Lopez - Toulouse


Derniére mise à jour : 05/01/10

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