La thèse de la conspiration des laboratoires, de la main mise des grands lobbys sur le libre arbitre des médecins ( et de leurs patients ) est une thèse aisément défendable, surtout lorsque les gros sabots de la pharmacopée cotée en bourse viennent enjamber les limites du bon sens, mais c?est aussi une thèse qui nous permet parfois, et fort commodément, de respirer avec facilité, dans le confinement de nos petites officines.
Il faut certes rester très vigilants, tous ensemble, sur ce qu'apportent, dans leurs apparentes bonnes intentions, les grandes industries du médicament.
Il ne faut pas tout médicaliser, il ne faut pas tout prévoir, et tout régenter "dans l'intérêt de nos malades". A l'inverse, passer son temps à dire, et à répandre, que "tout n'est que fric" est passablement réducteur, sinon improductif.
L'affaire des vaccins mis en route contre le H1N1 est un bon exemple de ce qu'il faut arriver à faire cheminer dans nos consciences, malgré nos instincts « pré-insurrectionnels » de détracteurs du progrès scientifique à dividendes boursiers.
Si le projet machiavélique et monomaniaque de nos méchants industriels avait été uniquement la vente de masques et d?antiviraux, les chaînes de production vaccinales auraient été longuement bloquées. Or elles tournent à plein. Certes, à ce jour, la grippe nord-américaine n?a tué que cent quarante sept personnes. Elle paraît donc nettement moins « fatale » que les prédictions exagérées ( sciemment ?) ne nous l?auraient laissé prévoir. Tout de même, on peut, sans complaisance pour les laboratoires , se dire que cette formidable armada, et les moyens dont elle dispose pour se mettre en branle, amèneront à sauver pas mal de vies humaines.
Bien entendu que les budgets pharaoniques de l?industrie ( orientés vers des projets apparemment non vitaux ) relèvent , au plan émotionnel, du scandale pur et simple. Mais notre monde réel est bien celui des arrières-pensées, et il faut bien savoir que le financement pérenne des plus nobles projets a bien souvent besoin de minimes concessions à la morale. Nous en commettons tous , tous les jours, en finançant nos actes nobles à coups appuyés de succès « alimentaires ».
Gardons l??il critique. Demandons ?nous, pour chacun de nous, quelle part d?activité est consacrée à la promotion pure de la vérité. Plus cette part est individuellement grande, plus nos patients auront une chance de bénéficier, à la fois, des progrès réels, et d?être prévenus contre les manipulations.
Car cette planète médicale regroupant moutons corrompus, bergers affairistes, et chiens fous lancés en meute contre la dichotomie, est une planète qui ne tourne pas rond.
Militons pour la rendre meilleure, et moins bilatéralement manichéenne.