Et pour les autres.... Résumé de la situation. La plupart des êtres qui nous consultent le font par incapacité à gérer leur temps. Cela commence à la petite section. Julie, six ans, a déjà eu deux cystites, tout ça parce qu?elle ne veut pas demander à la maîtresse la permission d?aller faire pipi. Sandrine, sa mère, nous amène Julie à dix neuf heures trente. Parce qu?avant , le patron de Sandrine ( la maman de Julie) , ne lui en donne pas le temps. Alors, par manque de temps, le docteur n?a pas l?idée de guider Julie vers les toilettes, et la bandelette de dépistage. Julie, six ans, a perdu son rein droit. Julie a perdu son temps.
Raymond, quarante ans, vient nous voir car, entre son patron et sa passion des écrevisses, il n?a plus de temps. Comme il n?a pas le temps de venir tous les mois, et qu?il fait partie de nos employeurs, nous lui renouvellerons son anti-dépresseur pour trois mois. Au temps pour lui.
Quelquefois, les êtres qui nous consultent ont, eux, un temps compté. La chimiothérapie est en déroute, le cancérologue n?est pas joignable, car il n?a pas le temps. Ou qu?il l?a pris, le temps, pour partir en congrès, et qu?il aura beau temps.
Alors ces êtres nous dérangent , parce que nous n?avons probablement pas de temps à perdre, ou à donner du temps, si précieux. Comme si, ce qui se donnait pouvait se perdre, aussi.
« Docteur, je sais que vous n?aurez pas le temps aujourd?hui ». Combien de fois les entendons-nous, ces mots ?
Un jour le docteur redescend de son temps. Comme d?un vélo mal étalonné, qui lui a fait gagner beaucoup de courses, sur le temps. Il est vainqueur, mais il a mal partout. S?il en avait le temps, il changerait bien de vélo.
Lorsque je remplace, le médecin que je remplace me pose invariablement la même question :
« pourquoi tu ne cliques pas sur l?ordonnance du mois d? avant, tu gagnerais du temps ! ».
Maintenant je ne leur réponds plus, je n?en prends pas le temps. Ce n?est pas grave, ils sont déjà partis.
Dr Bruno Lopez - TOULOUSE