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La métaphore du guichetier

La métaphore m'est venue l'autre jour, Denis. Ma banque voisine est structurée autour d'un guichetier, tournant, et d'une directrice d'agence, également conseillère financière. Une unité centrale et un périphérique, en quelque sorte.

Je suggérais à mon ami guichetier de mieux organiser son service. En effet, à chaque occasion, je le voyais tiraillé entre le téléphone, le client mécontent et sollicitant, et la file d'attente qui s'agravait derrière moi. Tandis que derrière son bureau indécemment transparent, la conseillère financière devisait aimablement avec ses clients potentiels.

Au guichet, souvent, mon homme était en proie à des cas difficiles, à des demandeurs d'impossible, notamment ceux qui avaient vu passer par leurs boites aux lettres des produits financiers "miracles" qui, au bout du compte, ne seraient finalement pas adaptés à leur solvabilité précaire. Mon ami guichetier m'expliqua alors quelque chose qui ne me parut pas, de prime abord, évident : la "politique" bancaire n'était point de rationaliser l'offre et la demande, et/ou d'améliorer le fonctionnement des guichets. La politique bancaire était de décourager progressivement les petits porteurs de toute attente. Majorer l'attente pour finalement l'abolir en même temps que les "mal- attendants". Réduire la piétaille à l'automaticité. Le conseiller financier, lui, serait le dernier à rester en place, comme pour fermer la marche.

Aujourd'hui, Denis, notre monde est ainsi fait. Notre "mondialisation" est en marche. Contre la "mondislamisation" elle a sacrifié ses deux tours. Mais pour la rentabilité elle en fera s'écrouler d'autres. La notre, parmi d'autres, celle qui considérait, qu'au guichet de la médecine, le seul espace de liberté était celui qu'il nous restait à soigner, plutôt qu'à encaisser. Demain, quand tu auras toi aussi fui Statines -grad et les faubourgs hantés du cholesterol qu'on abolit au comptoir, tu penseras avec nous à la métaphore du guichetier, et le livre que nous devions écrire à quatre mains, Denis, nous l'écrirons enfin, à demain.



Dr Bruno Lopez - Fonsorbes


Derniére mise à jour : 08/10/03

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