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Poupée de sires, poupée de cons

Elle était parkinsonienne. Jeune, et desesperée. Je revois son steppe dans mon asile central. Ils l'ont bourrée d'électrodes à sa demande, en lui parlant, "as usual", des "bénéfices et des inconvénients de la méthode".
Depuis l'opération, techniquement réussie, elle n'est plus la même. Le moral craque, elle se bourre d' antiparkinsoniens sans justification. Elle a pris quinze kilos, "ce qui serait classique dans ce type d'intervention" ( ça, on lui avait pas dit ).
On dirait que son manque de coordination est remplacé par une ribambelle de sensations curieuses. Elle a ses triglycérides au plafond, alors elle court chez la nutritionniste de l'hosto.
L'interne du garage qui l'a bricolée ne cesse de me parler d'une dépression liée à des soucis familiaux. Et qu'il faudrait qu'elle ait absolument un suivi psychiatrique. Et des benzos dans sa soupe.
Moi je la connais depuis dix ans, et des soucis familiaux, elle en avait plein déjà avant. J'avais mis cinq ans à la sevrer du bromazepam.
Alors ce qu' elle prend en moins en dopaminergiques, elle le prend en plus en sérotoninergiques. Avant elle pleurait par sacades, maintenant elle pleure tout d'un coup.
Elle est la mécanique bien huilée du char de la médecine triomphante, comme ces mutilés du dos qu'on electrocoagulait, qu'on papaïnait , et qu'on synoviorthésait avant de les envoyer, "techniquement guéris" mais humainement ravagés, chez le psy.
Moi j'ai des doutes, mais la statistique ne s'embarrasse pas des bénéfices du doute. Pas rentable comme les dividendes de la connerie rayonnante, l'entreprise du doute...




Dr Bruno Lopez - Fonsorbes


Derniére mise à jour : 06/09/03

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