Nous, généralistes, sommes bel et bien bien les otages d'un très curieux,et très "évolutif", choix de "sous fifres".
La société occidentale dans son ensemble a désormais, faute d'anti modèle, déclaré sa flamme pour le libéralisme, et la société française y a greffé un avenant spécifique, faisant de la solidarité "d'envers soi-même" ( RTT, maintien des avantages acquis, repli de l'engagement individuel derrière le doux oriflamme de la déresponsabilité collective, le congès paternité allègrement choisi par 255 000 "papounets" en 2002.... ) le préambule de toute (re )constitution personnelle....
Dans cette douce schizophrénie où chacun est supposé plus libre de cultiver sa dimension intime , au service chichement mesuré d'une collectivité qui, elle même, récupèrera auprès de chacun de ses membres
( via la consommation débridée ) ce qu'elle est supposée lui avoir donné, le généraliste quinquagénaire français ne s'y retrouve point, tant il se trouve reconduit dans de bien anachroniques devoirs vocationnels. Il serait une enclave de polyvalence dévouée, enjouée, même, dans un hall de spécialisation chèrement monnayée sur requête expresse.
Il a entamé, voici quelques années, garni de petites machineries électroniques, une mue professionnelle fondée sur une recherche de cohérence, mais il l'a probablement entamée sur un gros coup de caffard, à se sentir exclus des évolutions du monde qu'il devait continuer à soigner......Et le caffard est mauvais conseiller...
Bien étrange pays où les tests de grossesse ont encore le monopole stupide de l'officine pharmaceutique, étrange pays qui vient de décider de promouvoir le remboursement des molécules boursicotantes au détriment de celles qui ne valent plus d'autre tripette que celle de leur sécurité d'emploi.
Bien malsain pays où le médecin généraliste fatigué, peu discriminant et peu critique, reste un "incontournable" partenaire de santé, dès lors que la santé est enrolée dans la danse macabre des déficits à un chiffre (celui de la sécu ) qui cautionnent et laissent toutes les expansions à deux chiffres ( celles des labos innovants) .....
De la résilience à être toujours le dindon de la farce, ou de l'amère thune accumulée dans la débacle du bon sens, le généraliste semble garder le choix. Aucun livre blanc de la médecine dite "générale" ne saurait faire l'impasse de cette "généralité" régulièrement, éternellement revalidée par les faits.....Un bon généraliste ne coutera cher qu'à l'usage des mésusagers du système, système qui reste encore à construire, pour autant que nous en ayons encore la sincère volonté....
Dr Bruno Lopez - Fonsorbes