Rechercher
Formation médicale continue
Divers

Evidence-blues médecine



Une tasse de café...

Il revient me voir, avec au bout de son scanner l'annonce d'une récidive.
Il est neuf heures, la perspective d'un week-end futé où les communiqués de victoire se succèderont pour nous apprendre qu'il n'y a eu que quarante huit morts sur les routes, au lieu des cinquante deux de l'an passé, me permet d'avoir trente minutes à lui consacrer. Et donc de lui proposer un café chaud, qu'il accepte bien volontiers. C'est la première fois en dix ans de soins.
J'ai le temps d'appeler son chimiothérapeute en direct, même s'il faut transiter par quatre standardistes si inopérantes qu'elles revendiqueront bientôt de pouvoir être cinq, de lui expliquer où poser sa petite cuillère, et de nouer avec lui l'entente cordiale contre l'agresseur indélicat.
Je repense à toutes nos luttes syndicales. Je me demande ce qui pourrait, dans ces cas-là, dissocier l' humanité d'un syndicaliste de l'UNOF d'un militantisme de MG France.
Je m'efforce de voir le plus grand dénominateur commun à tous ces courants métastatiques de la maladie des soignants. Le temps. Comment dire, et faire comprendre, à ce type que son temps n'est pas si compté que cela, si moi même je vis et agis uniquement comme si le mien lui était, lui aussi, compté ?
Pourquoi ne peut-on être bon médecin que les jours où les compteurs tournent moins vite, pour ceux qui soignent, comme pour tous ceux qui sont venus nous demander de ralentir leur temps ......



Dr Bruno Lopez - Fonsorbes


Derniére mise à jour : 28/05/03

Précédent Sommaire Accueil