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l a trente huit ans, une coxarthrose dont il ne hâte pas, et pour cause, l'opération. Sa femme est venue, l'autre jour, me demander : "comment il fallait faire, docteur, quand on avait mal, maintenant qu'à F..., il n'y a plus de médecin de garde la nuit ? ".
Je lui ai expliqué qu'un "qu'est tôt" profène , et un paracetamol codeiné étaient aussi efficaces "auto appliqués" qu'hétero- infligés par un prophète tardif ....
Que le réveil de la douleur ne devait point inévitablement associer celui du médecin.
Il est revenu aujourd'hui renouveller, en gromellant, son stock . Et surtout me redire de lui redonner le tout, "puisqu'il n'y avait plus moyen de trouver un médecin de garde la nuit à F....". La même plainte intercritique.
Le même dépit amoureux que sa femme, l'autre jour.
Cet homme ne souffrait point, vraiment point qu'on le laissa tout seul à gérer ses souffrances.
Comme si le remède perdait en efficacité, s'il n'entrainait pas, inéluctablement, la bithérapie dans le sacerdoce du soignant vis à vis du soigné.
Son beau frère, médecin, lui, lui avait donné un coxib et de la morphine orale, à mélanger ou à alterner avec les miens. Ces deux déconcertantes co-prescriptions rajoutaient à la cacophonie de l'échange. La hanche de guerre était déterrée, et plus aucun calumet de la paix ne pourrait plus jamais nous rapprocher, "maintenant qu'on ne pouvait plus trouver de médecin la nuit à F....."
Dr Bruno Lopez - Fonsorbes
