Depuis un an, dans le cadre de la pandémie, nos patients reçoivent un flot d'informations contradictoires génératrices de stress, de doutes et de perte de confiance tous azimuts : presse politiciens, médecins.
Nous, médecins de famille, avons souvent assez rapidement une idée précise de la réalité des choses. Nous repérons les conflits d'intérêts des protagonistes et faisons la balance entre nos connaissances scientifiques, notre expérience et les opinions des différents acteurs ponctuellement médiatisés.
Si je prends par exemple les déboires allégués du vaccins Astra Zénéca, déboires qui succèdent aux déboires oubliés du vaccin Pfizer, les conflits d'intérêts potentiels sont pléthores.
Le rôle de la presse, c'est d'informer, elle le fait bien, nous ne pouvons pas passer outre la dernière alerte : les accidents thrombo-emboliques peut-être induits par le vaccin. Mais le principal conflit d'intérêts de la presse s'appelle l'audimat et l'argent que cela lui rapporte. Le captage d'attention de la population est fondamental pour elle, d'où cet interminable feuilleton qui chaque jour amène une réponse mais aussi une interrogation pour alimenter l'épisode du lendemain.
Concernant les médecins et les scientifiques, les conflits d'intérêts peuvent être multiples : se placer en vue d'une promotion professionnelle, d'un prix scientifique, alimenter une consultation privée à fort dépassement d'honoraires, vendre un livre ou promouvoir un site internet, soutenir discrètement un autre laboratoire pharmaceutique, essayer de récupérer des électeurs en vue d'une candidature politique quelconque. L'intérêt peut être aussi purement nombriliste, faire parler de soi.
L'absence de conflit d'intérêts existe aussi, de même qu'il est facile de prêter un conflit d'intérêt à une personne qui n'en a pas.
Concernant les hommes politiques, le conflit d’intérêt coule a priori de source car s'il est logique d'évoquer l'ambition, nous ne devons pas perdre de vue que rendre service fait partie de la vocation de beaucoup d'entre eux.
Il est inacceptable d'interdire à la presse d'informer, mais il me paraîtrait logique que pour chaque information, pour chaque intervenant, les conflits d’intérêts fassent partie intégrante de l'annonce. Cela nous est demandé régulièrement à nous médecins, cette démarche devrait être généralisée de façon à permettre aux auditeurs de voir un peu plus clair dans les interventions contradictoires et ce qui les sous-tend .
Dr Jean-Paul Gervaisot