Au 4 novembre 2020 1,543,321 personnes avaient été dépistées covid + en Fance depuis le début de l'épidémie
Le 11 mai 2020 les chercheurs de l'institut Pasteur estimaient à 5,7% de la population le nombre de français contaminés par le "covir", soit 3 millions 870 000 environ. Les covid + étaient alors au nombre de 139 519 soit 3.6% des personnes contaminées.
A partir de ces chiffres, calculer le nombre approximatif de personnes contaminées à une date donnée , le 5/11/2020, est intéressant,
Je me suis basé sur le nombre de décès depuis le début de l'épidémie jusqu'au 11/05/2020 puis du 06/5/2020 au 05/11/2020 en introduisant un facteur de pondération de 20% puisqu'il y aurait 20% de décès en moins du fait de l'amélioration des soins (corticoïdes , réduction de la ventilation assistée).
J'arrive à 8,8% de la population touchée par le covir au 05/11/2020 , soit 6 millions de personnes contaminées par le covir en France depuis le début de l'épidémie,
Ce chiffre bien sûr est sous tendu par l'exactitude de l'estimation de Pasteur au 11/05/2020 (5,7%), Ces estimations sont de toutes les façons plus proches de la vérité que les 139 519 cas recensés le 11/05 ou les 1.543 321 le 05/11.
Qu'en déduire d'intéressant :
62 millions de Français sont encore potentiellement candidats à la contamination , le gros de l'épidémie est devant nous
Depuis le 11 05 1 .403.802 personnes nouvelles ont été testées covid + alors qu'il y aurait 6 millions ? 3 millions 870 soit 2 millions 130 nouveaux cas. La stratégie actuelle dépiste donc environ 66% des personnes porteuses de covir , j'ai envie de dire « c'est super ». Dans cette hypothèse 34% des cas échappe au diagnostic. Dans ces 34 % nous trouvons entre autre les faux PCR négatifs et ceux que l'on ne teste pas : les enfants.
Nous avons donc depuis le 11/05 des moyens importants de dépistage et de suivi.
Nous avons vu ces derniers jours s'infléchir la courbe de l'incidence du virus sur la population, cet infléchissement arrive derrière 15 jours de vacances et une semaine d'une nouvelle forme de confinement. Au niveau du cabinet médical (médecine générale, soins primaires), nous avons « senti » quelque chose.
Qu'avons nous vu également ?
les contaminations via des regroupement, des repas, ça tout le monde le sait et le dénonce ;
les contaminations via les enfants en maternel et école primaire, c'était pas politiquement correct de l'affirmer , le masque en primaire est enfin le bien venu ;
des familles dans lesquelles le covir s'installe sur plusieurs semaines. Les faux négatifs sont en parti en cause. Les personnes ayant un test négatif se considèrent comme non porteuses. Sur des grandes familles j'ai pu voir des covid apparaître une ou deux semaines après un seul et unique covid +, la transmission s'est faite de porteurs sains à porteurs sains, logique quand 4 personnes infectées sur 5 sont asymptomatiques.
La difficulté à obtenir des tests PCR dans des délais raisonnables. Faire des tests à une personne asymptomatique dans un groupe de personnes où il existe déjà un patient covid est plutôt contre-productif. Dans les faits ces faux négatifs deviennent vecteurs de contamination : toute personne saine dans ces groupes devrait être considérée comme porteuse mais pas testée.
En pratique donc, la seule mesure réellement efficace sur la courbe a été le confinement complet difficilement envisageable économiquement. Le confinement actuel réduit l'incidence du virus sur la population, mais pas suffisamment, le nombre de cas augmente toujours.
Si je puis me permettre de donner quelques idées.
Actuellement nous subissons l'épidémie, nous sommes dans une attitude plutôt passive, nous installons des ralentisseurs mais le « mur » est en face de nous, nous y arrivons juste un peu moins vite. Le confinement total a fait ses preuves. Les outils actuels nous permettent de dépister les personnes ayant déjà été infectées et nous avons suffisamment de tests PCR ou antigéniques pour rechercher des porteurs au moins sur une population limitée. Il pourrait donc être judicieux de créer des clusters sains, c'est à dire des zones où l'on isole et dépiste tout le monde (PCR et sérologies) en permettant une vie sociale à travers les personnes immunisées. Ces zones pourraient être des villes ou des départements, en fonction des moyens mobilisables. On élargirait ensuite par effet tâche d'huile.
C'est un peu long à expliquer, mais l'avantage est que la durée du confinement pourrait durer de 10 jours à quelques semaines selon les familles. Même technique que le virus sauf là nous tentons de l'éradiquer au mieux,la vie économique existe et est la même pour tous les professionnels.
Le problème reste les trop grandes villes et les moyens pour y créer des clusters sains compte tenu en particulier de l'état actuel des transports. En période d'épidémie, vive les petites villes et les villes moyennes..
Dr Jean-Paul Gervaisot