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La médecine générale, voie de l'échec, une fake news qui a la vie dure

Lorsque que j'ai fait mes études médicales en 1976, il existait déjà un tronc commun entre les spécialités médicales puis une spécialisation. A partir de la 6ème année nous choisissions notre spécialité, la médecine générale en faisait déjà partie. Les spécialités autre que la médecine générale s'obtenaient soit en passant par le concours de l'internat ou par des CES. Les étudiants reçus à l'internat étaient dispensés d'un examen final appelé « les cliniques » que les futurs généralistes et les "CES" passaient. Seules les étudiants intéressés par une spécialité et voulant exercer en hôpital passaient le concours de l'internat.

Étaient en situation d'échec tous les étudiants souhaitant devenir spécialistes hospitaliers qui avaient échoué au concours de l'internat. Ils faisaient médecin généraliste ou CES par défaut. Tous les internistes qui pour des raisons circonstancielles ou de classement n'obtenaient pas la spécialité briguée se retrouvaient aussi en situation d'échec, ils prenaient une autre spécialité.

A l'époque, 1/3 des généralistes auraient souhaité faire une autre spécialité, les 2/3 restant étant de généralistes de c?ur. Le pourcentage d'internes n'ayant pas accédé à la spécialité souhaitée initialement ne m'est pas connu mais il est loin d'être négligeable.

Considérer que la médecine générale est la voie de l'échec est donc une fake news qui a la vie dure et qui mériterait d'être sanctionnée.

Au delà de ce résumé historique, rappeler le rôle du médecin généraliste dans le système de soins actuel, instauré et voté depuis X années par nos députés n'est pas inutile. Le généraliste est le pivot de ce système, il doit tout orchestrer autour du patient, c'est ce qu'on appelle le parcours de soins (suivi, orientation, synthèse, administratif). Un de mes professeurs , neurologue, disait dans les années 1980 : « un spécialiste a le doit d'avoir des lacunes en dehors de sa spécialité, mais un généraliste doit tout savoir en médecine ». L'idée étrange proposée par un ou des députés suggérant que les plus mal placés aux classements devraient faire 3 ans en désert médical est un non sens: la logique voudrait que ce soit les meilleurs qui aillent dans les désert médicaux. Quand on n'a pas de chef d'orchestre, on n'oblige pas un soliste à être chef d'orchestre sous prétexte qu'il a fait quelques fausses notes.

Concernant le choix des spécialités au terme du classement de l'internat, un article faisait ressortir que les spécialités les plus prisées en 2018 étaient les spécialités les plus lucratives. Une solution basique pour que la médecine générale devienne la voie de la réussite, consisterait à la rendre la plus lucrative de toutes les spécialités médicales.

On pourrait aussi lutter contre les fake news et informer puis sanctionner les colporteurs si nécessaire, qu'ils soient députés ou médecins.


Dr Jean-Paul Gervaisot

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Derniére mise à jour : 13/03/19

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