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Formation médicale continue
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Actuvision généraliste


La formation des étudiants en médecine, un système archaïque et pervers que l'on peut changer.

Les prévisions du ministère de la santé en matière de démographie médicale sont tombées :

Pas de couverture médicale satisfaisante à envisager avant 2040. La situation doit encore s'aggraver et toucher plus particulièrement le secteur libéral. Le secteur public devrait également souffrir mais de façon moindre du fait de l'appétence de la nouvelle génération de médecins à chercher des emplois salariés.
Depuis mon installation en 1985, j'ai tout entendu, « il faut réduire le nombre de médecins, il y en a de trop », un plan de retraite prématuré avait même été mis en place, puis « on va manquer de médecins jusqu'en 2015 », puis « 2020 ». Aujourd'hui on parle de 2040.
Dans ce rapport, il est aussi clairement annoncé que la solution pour limiter la casse sera de faire venir des médecins étrangers.

Simultanément, on entend dans la presse que le nombre de suicides en milieu hospitalier augmente, et que ces suicides touchent les médecins, les infirmiers, les étudiants en médecine, cinq pour ces derniers depuis le début de l'année. Le nombre d'années d'étude augmente, le tirage au sort va intégrer le cursus médical et servira de moyen de pré-sélection en première année de médecine.
La situation est ubuesque, le nombre d'étudiants français partant faire ses études dans d'autres pays européens va exploser.


Dans l'hexagone, il n'y a pas que la qualité de la formation qui motive l'augmentation du nombre d'années d'étude, il y a aussi la nécessité pour les hôpitaux publics d'avoir plus de personnel à moindre coût. Les budgets des établissements de santé sont serrés et multiplier le nombre d'étudiants médecins, infirmiers ou kinésithérapeutes permet d'embaucher à moindre frais sous couvert de l'apprentissage.
On peut augmenter le numerus clausus, mais en augmentant le nombre d'années d'études ou les redoublements, l'hôpital bénéficie alors d'un effet immédiat sur cette main d??uvre pas chère et corvéable à merci. Connaissant le nombre d'heures passées par jour en service hospitalier, couramment 12 heures pour un interne, cumulé aux nombre d'heures affectées aux cours et à l'apprentissage théorique, on comprend le mal être estudiantin et ses conséquences.

Il n'est pas possible de continuer avec ce système de formation pervers. Son application n'a jamais fait qu'aggraver le problème du déficit en médecins qu'ils soient spécialistes, généralistes, libéraux ou fonctionnaires. Les étudiants n'ont pas à palier au manque d'effectifs hospitaliers, ils sont là pour apprendre. Allonger les études médicales n'a aucun sens et risque d'avoir un effet dissuasif sur les candidats aux études médicales. Il faudra être de classe sociale encore un peu plus aisée et être un encore plus motivé pour devenir médecin.

Les présidentielles sont l'occasion d'essayer autre chose que d'attendre et de spéculer dans l'approximatif.
On nous parle de moyens informatiques, de télémédecine mais on semble oublier la télé-formation. Il serait plus judicieux d'oublier l'hospitalocentrisme en terme de lieu d'enseignement.

On peut améliorer rapidement la situation actuelle. Pour cela il faut spécialiser plus tôt les étudiants et les orienter le plus rapidement possible vers les praticiens ayant épousé leur futur métier : les généralistes aux généralistes dès la 3ème année de médecine, idem pour les autres spécialistes
L'enseignement des fondamentales n'a pas lieu de se faire à l'hôpital durant ces 3 premières années. Les étudiants doivent pouvoir apprendre à domicile ou dans des locaux publiques de proximité. Les enseignements peuvent se faire sur internet. Seuls les examens doivent se faire dans des lieux spécifiques sécurisés, logique !
Les stages doivent se diversifier entre hôpitaux et cabinets de ville, toujours à proximité du lieu de vie de l'étudiant, de sa famille et de ses amis. La capacité à louer un petit logement dans la capitale régionale ne doit plus être un facteur de sélection.
Au même titre que l'étudiant aide l'hôpital à éponger une partie de la charge de travail, il doit aider le médecin installé à éponger sa surcharge de travail. Le principe interdisant au médecin formateur d'avoir une activité rémunérée lorsque l'étudiant fait des consultations est inacceptable dans l'état actuel du réseau de santé. L'urgence aujourd'hui est de couvrir au mieux la demande de soins. Tout est affaire d'aménagement du cabinet et de travail en commun car si le senior doit superviser l'activité de l'étudiant, l'étudiant est là pour raviver les connaissances du senior et les mettre à jour.
La durée des stages, spécialité par spécialité, doit être différente et adaptée à chaque spécialité. La médecine générale est une spécialité, un enseignement hospitalier prépondérant est un handicap pour le futur généraliste.

L'enseignement de la formation doit s'inscrire aussi dans le cursus universitaire, toutes spécialités confondues.

Un enseignement doit vivre avec les moyens de son temps. Allez aujourd'hui dans une ville universitaire, devoir louer un appartement et vivoter avec l'aide de ses parents pour apprendre son métier, est totalement archaïque. La médecine doit s'apprendre aussi bien sur le plateau de Langres qu'à Paris ou Marseille, c'est pas Diderot qui vous dira le contraire.


Pourquoi la nouvelle majorité ne proposerait-elle pas qu'une partie d'un numerus clausus se fasse sous cette forme dans les régions qui le souhaitent. Le nombre de maisons médicales et d'hôpitaux régionaux devrait pouvoir facilement accueillir cette nouvelle génération de médecins plus et mieux spécialisés.

Dr Jean-Paul Gervaisot

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Derniére mise à jour : 14/05/17

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