L'histoire de France raconte qu'au siècle des lumière, un homme, Parmentier, pour réussir à généraliser l'utilisation de la pomme de terre, ne trouva pas mieux que de demander au roi d'en interdire la consommation par le peuple et de s'en réserver l'usage. Les français vinrent en voler dans les champs du monarque, et depuis tout le monde en mange ou presque, la patate n'est plus réservée au bétail et à la table de sa majesté. Ceux qui n'aiment pas peuvent manger du riz, des pâtes ou des trucs à étage bourrés de calories bon marché que personne n'aurait l'idée de rendre obligatoire ou d'interdire. C'est ça la liberté.
La République semble moins diplomate que Parmentier. Elle a eu une idée: le tiers payant généralisé. Elle avais déjà mis en place la CMU pour le tiers peuple, maintenant elle veut le tiers payant pour tous, et à cette fin elle ne fait pas dans la dentelle : au pays de la liberté, elle a imposé déjà les mutuelles complémentaires pour tous les salariés, elle va obliger le tiers payant pour l'ensemble du peuple. L?accès au soins ne se conjugue plus au conditionnel, mais à l'impératif très imparfait. Les mutuelles complémentaires sont « contre », les médecins aussi.
« Purée » dirait Parmentier, « c'est compliqué l?Égalité! »
Bien sûr, il y a des médecins à qui cela rendrait service : Se balader avec de l'argent dans ses poches dans une banlieue sordide où vous êtes le seul ou presque à exercer votre art, et vous faire braquer au moins une fois par an, pour ces médecins le tiers payant complet c'est une assurance vie. Un peu de confraternité et de fraternité, on ne peut pas entraver la mise en place d'un tiers payant complet facultatif, au bon choix du médecin et non du patient. C'est valable aussi pour vous mesdames les mutuelles complémentaires, Fraternité oblige .
Çà eut été tellement plus simple d'autoriser aux médecins qui le souhaitaient de pratiquer le tiers payant sans l'imposer aux autres. Idem pour le tiers payant et les mutuelles complémentaires, mais pourquoi se feraient-elles concurrence aujourd'hui , elles sont obligatoires, d'ailleurs elles ont toutes ou presque augmenté leurs tarifs ou baissé leurs prestations.
La devise « liberté, égalité, fraternité » est bien en souffrance dans toutes ces décisions républicaine.
La ville de Troyes a peut-être raison de conserver sur la façade de l'hôtel de ville la devise révolutionnaire « liberté, égalité, fraternité ou la mort », les prévisions sont de 25% de généralistes en moins d'ici 2025. Si les gouvernants persistent à utiliser la loi pour des mesures qui relèvent simplement de l'adaptation et qui révolte une partie de la population intéressée, on peut donc raisonnablement prévoir 40% de baisse d'effectifs chez les médecins généralistes..
Dr Jean-Paul Gervaisot