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La sous-médicalisation des campagnes, la réponse doit venir des médecins, surtout pas des politiques

Les députés ont proposé un projet de loi limitant l'installation des jeunes médecins dans des zones déjà suffisamment pourvues en médecins. Démagogie peut-être mais démagogie utile pour une fois. On a absolument besoin de plus de médecins dans la majeure partie de la France.

Réaction des jeunes médecins, on n'est pas d'accord, on veut s'installer où bon nous semble, la sous-médicalisation des campagnes, c'est pas notre problème.
Ils ont tort.
Marisol les a appuyés, le projet va passer à la trappe. Elle a raison. En effet, les médecins ont la côte au sein de la population. Si les ministres de la santé veulent avoir les coudées franches pour asservir le corps médical, il faut que les médecins n'aient plus bonne presse, il faut qu'ils deviennent égoïstes, qu'ils ne pensent qu'à leur confort. La désertification des campagnes est un premier pas. Les dépassements d'honoraires généralisés dans certaines spécialités et faussement réprimés sont un second pas. La raréfaction des médecins généralistes, le refus ouvert à aller en zones sous-médicalisées, les manifestations d'opposition à ce projet sont autant de pas supplémentaires vers la perte de popularité du corps médical.

Nous, « vieux médecins » travaillons souvent 60/70 heures par semaine, on a tort mais ça a contribué à faire nous apprécier par nos patients. Les jeunes médecins veulent travailler dans de bonnes conditions, plus saines, plus humaines. Ils bénéficient encore de la bonne image du médecin. Il faut qu'ils en profitent et qu'ils ne  gâchent pas cette image.

Demain, si la couverture médicale ne s'améliore pas, les gens en auront marre de chercher un médecin qui peut les recevoir, ils en auront marre de payer des dépassement d'honoraires dès qu'il s'agira de voir un spécialiste. Les sondages tourneront en notre défaveur, nous rejoindrons la longue famille des boucs émissaires. Les gens au pouvoir feront parler les chiffres : il y trop de médecins en ville, ils coûtent plus cher qu'à la campagne, la sécu est en déficit, et là ils nous exécuteront avec la bénédiction de la population : privatisation de la sécurité sociale ou réduction des honoraires médicaux, amendes ou déconventionnement, multiplication de médecins à bas prix, non diplômés en France (ça se fait depuis longtemps à l'hôpital public).
Ça vous direz de vous faire poser une prothèse de hanche « zéro dépassement d'honoraires », dans une clinique en partenariat avec votre mutuelle, par un technicien qui ne fait que ça : deux ans de formation maxi dans une école subventionnée par la générale de santé ou Axa ? Posez la question à vos patients et ne rêvez pas pour la réponse !

Demain, si la couverture médicale s'améliore, ça sera moins de pression, moins de « non il n'y a plus de place », moins d'heures. Çà sera peut être revendre pour votre retraite vos parts de la maison médicale à un confrère : aujourd'hui c'est invendable. Ce sera être soutenu par la population si un gouvernement veut passer des réformes pourries, des réformes qui aboutissent à une baisse de la qualité des soins et des soignants.
Les spécialistes n'ont pas la côte. Si l'on fait fi de certains dépassements d'honoraires « spécial gogo », la plupart des dépassements d' honoraires sont l'aboutissement de politiques de santé qui n'ont pas tenu compte du coût réel des soins. Mais essayez d'expliquer cela à un patient qui souffre et qui va devoir économiser pour se payer sa prothèse ?

Les jeunes, écoutez les conseils d'un vieux c.. : éloignez vous des sirènes, et installez vous où on a besoin de vous.

Dr Jean-Paul Gervaisot

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Derniére mise à jour : 04/11/16

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