Une analyse récente de la littérature aborde les différents tableaux cliniques d?arthrite isolée ou associée à des manifestations systémiques (lupus, vascularite) induits par les médicaments (Rev Rhum 2004 ;71 :489-97).
Arthrite isolée:
les accès goutteux représentent la 1ère cause des rhumatismes inflammatoires d?origine médicamenteuse du sujet âgé (diurétiques, aspirine à faible dose, certains antimitotiques, fénofibrate, losartan, éthambutol, pyrazinamide, ciclosporine).
On a rapporté des réactions articulaires après injection intra-articulaire d?acide hyaluronique mais aussi des arthralgies, oligo- ou polyarthrites après vaccination contre l?hépatite B, des arthralgies et arthrites après administration intravésicale de BCG dans le cancer de la vessie, des polyarthrites symétriques sous interféron alpha et des arthralgies et hyperostoses vertébrales lors d?utilisations prolongées d?acitrétine.
Arthrites associées à un lupus :
Certains médicaments (relation causale établie pour acébutolol, carbamazépine, chlorpromazine, étanercept, infliximab, isoniazide, pénicillamine, quinidine, sulfasalazine) induisent un lupus, d?autres révèlent des rhumatismes inflammatoires survenant dans le cadre d?un lupus.
Les signes articulaires à type d?arthralgies et/ou d?arthrites sont fréquents (80 à 90% des cas). Le diagnostic de lupus induit est très probable s?il y a absence de manifestation clinique de lupus avant la prise et si les symptômes et les anomalies biologiques (anticorps antinucléaires notamment) régressent à l?arrêt du médicament (délai de 3 semaines à 2 ans).
Arthrites associées à une vascularite d?hypersensibilité :
même si l?expression clinique est essentiellement cutanée, des signes systémiques, notamment articulaires (arthralgies, mono- ou oligoarthrites) peuvent s?observer. Le délai d?apparition se situe entre 1 à 3 semaines après l?exposition.
Les médicaments les plus incriminés sont les antiépileptiques, sulfonamides (sulfasalazine, sulfaméthoxazole, dapsone, furosémide), l?allopurinol et les antibiotiques. La guérison complète est habituelle à l?arrêt du médicament.
Savoir évoquer l?origine médicamenteuse d?une arthrite permet souvent de garantir une évolution rapidement favorable après l?arrêt du médicament suspect.
A ce jour, en respectant certaines recommandations de prescription (dose inférieure à 1,3 g/j et durée de traitement inférieure à 15 jours), le paracétamol reste le médicament analgésique ou antipyrétique de choix chez le patient sous anticoagulant oral.
P. Olivier
Bulletin d?Informations du Service de Pharmacologie Clinique du CHU de Toulouse