Les glitazones sont des antidiabétiques oraux: ils agissent en réduisant l'insulino-résistance au niveau des muscles, du foie et du tissu adipeux, par activation des récepteurs nucléaires PPAR-gamma. Leur rapport avantages/risque est encore mal évalué.
On dispose de peu de données sur l'hépato-toxicité de la pioglitazone: quelques patients cependant ont eu une insuffisance hépatique non mortelle. Un cas mortel est rapporté:
Homme de 63 ans, n'a jamais fait d'excès d'alcool. Hospitalisé pour ictère, précédé depuis 3 semaines par un état de malaise.
Trois mois auparavant, ses médecins avaient remplacé glicazide par pioglitazone. Depuis plusieurs années, est sous lercanidipine, prend par ailleurs une céphalosporine depuis quelques jours.
Biologie:
- bilirubine: 522 µmol/L
- phosphatase alcaline: 472 UI/L
- ASAT: 1053 UI/L
- ALAT: 1984 UI/L
- créatinine: 455 µmol/L
- albumine: 28 g/L
- temps de prothrombine: 56 secondes.
Développe une encéphalopathie avec acidose 36 heures après l'admission. Transferré en Soins Intensifs.
Pas de signes d'une pathologie hépatique chronique, HBsAg négatif, pas d'AcIGM anti-hépatite A, pas d'Ac anti-hépatite C.
Echographie: réflectivité normale du foie, pas de dilatation des voies biliaires, vaisseaux sanguins perméables.
Après stabilisation, est transferré dans un service d'hépatologie. Décès 9 jours après.
Histopathologie: lésions de stéato-hépatite avec corps de Mallory, fibrose hépatique sévère.
L'étiologie de cette insuffisance hépatique n'est pas certaine. Le degré de fibrose suggère un processus chronique, l'activité nécro-inflammatoire pourrait faire penser à une intoxication alcoolique.
Mais il peut aussi bien s'agir de lésions iatrogènes sur hépatopathie diabétique chronique: la chronologie des évènements suggère la responsabilité de la pioglitazone.
Traduit de l'anglais par le Dr André Figueredo - Source: the BMJ du 21/08/2004.